28 août 2024

Un petit garçon de la ville qui rêvait de s’évader!


 Nous avons tous été des petits garçons ou de petites filles pour ceux et celles qui veillent bien s’en rappeler, et parfois même avons-nous été peut-être les deux dans notre tête et dans nos impulsions, qui sait? S’évader du cocon de notre cellule familiale fut peut-être aussi notre rêve le plus fou ou le plus effrayant de cette époque personnelle. Et plein d'images étaient là pour alimenter nos pensées volages et nous inciter à découvrir des horizons aux frontières si lointaines.

C'est peut-être aussi à ce moment qu'on a associé l'acte photographique comme le moyen magique de conserver un morceau d'une réalité hors de portée sur le plan personnel, qui sait? Toutes ces représentations iconographiques se posaient en faiseurs de rêve dont nous étions si avides de connaitre et de vivre éventuellement. 


Au départ nous anticipions "montrer" sans grande justification et sans grande contrainte cette partie de notre réalité si particulière. Nos photos se passaient de fastidieuses explications et de performances techniques pour se résumer à leur propos que nous jugions évidents et suffisants en soi. Plus tard cependant le carcan de la normalité sociale s'est imposé insidieusement dans l'expression de notre art photographique au point d'étouffer presque toute la spontanéité de notre geste créatif et de presque sinon d'éteindre notre désir de partage de nos images.

C'est cette candeur créatrice pourtant si fragile et si volatile qu'il nous peine de retrouver aujourd'hui dans notre action photographique. Car de nos observations continuelles se profile cette curiosité incessante de connaitre et de capter sinon d'emprisonner des parcelles d'une réalité toujours changeante et évolutive. Le reste que ce soit l'outil choisi ou la technique employée, est somme toute secondaire à l'élan premier d'enregistrer cette image qui nous intrigue et parfois même nous obsède. 

Retrouver l'innocence ou encore la naïveté d'exercer une art visuel si vaste comme la photographie peut paraitre enfantin ou puérile pour certains mais au fond n'est-ce pas l'impulsion fondamentale qui nous habite en toute chose à faire ou à tenter de faire. J'aime à croire que nous puissions reproduire cet état d'âme à l'infini...

Photos Daniel M : Fujifilm X-T30 II / Fujinon XF18-55mm F2.8-4 OIS;  Olympus OM-D E-M5 III \ Zuiko ED 14-150mm F4-5.6

21 août 2024

Récurrence photographique


 Sujets, thèmes, contextes récurrents font parti de l'univers des photographes impénitents qui cherchent toujours à intensifier, diversifier et dynamiser leur intérêt pour tous ces premiers prétextes à photographier. N'est-ce pas finalement la vraie définition de ce que représente l'étude imparfaite mais jamais incessante de notre univers visuel pour lequel chaque instant nous offre un visage différent et éphémère. Alors s'il y a vraiment une récurrence à constater, c'est bien dans notre acharnement à "rendre" ce sujet, ce thème, ce contexte dans une dimension il est vrai figée, mais toujours aussi captivante à partager avec notre entourage qui est témoin de nos modestes créations iconographiques.


La récurrence du sujet, de son contexte ou encore de l'approche créatrice ou même technique employée pour l'enregistrer, enfin cette récurrence est souvent la résultante de notre curiosité à bien cerner ce sujet dans sa complémentarité, une quête qui n'est jamais vraiment terminée. Même dans les cas les plus simples comme nous l'a si bien démontré l'art de la peinture, les variations peuvent être infinies et surprenantes. Elles peuvent évoluer dans le temps, dans l'espace et dans l'intention même du photographe car il s'agit somme toute de l'expression visuelle de l'auteur plus que d'un banal instantané interchangeable. 

La vision photographique de son auteur est à la source de sa motivation à passer à l'acte de sélection et de prise de vue du sujet. Cette vision se raffine tout au long de son expérimentation et se décline parfois en multiples variations du thème principal. Chaque nouvelle interprétation propose une approche tant graphique qu'émotive différente. On dit souvent qu'il faut retourner sur son sujet sans cesse pour mieux le cerner, pour mieux lui offrir un rendu original, un point de vue inédit. Certes il existe certes déjà des milliers sinon des milliards de photographies réalisées depuis plus de deux siècles par notre société humaine mais dès l'instant qu'elles ont été figés dans le temps, l'évolution constante des choses  a provoqué leur changement parfois de façon subtile ou d'autres fois d'une manière radicale. Il n'y a donc pas de thème vraiment dépassé ou entièrement traité. 

La grande dynamique de notre univers est ce qui la caractérise le plus. Cette humeur toujours changeante en fait sa véritable originalité plus que sa beauté strictement statique et la photographie est en quelque sorte le témoin de ses multiples "moments" qui se renouvellent à chaque instant. 

Photos Daniel M Panasonic Lumix GH5 Mark II / G Vario 100-300mm F4-5.6 II Power OIS

15 août 2024

Il était une fois ...


 C'est un cauchemar que je revis souvent comme photographe de reportage. Vous savez aujourd'hui en 1988 avec les nouveaux appareils photos automatisés jusqu'à la mise au point, le réglage de l'exposition et même l'avancement automatique du film, que reste-t-il pour nous, pauvres photographes, sinon le déclic facile et la gestion des rouleaux de pellicule.

Ce rêve débute souvent par une situation d'assignation où je dois sortir la caméra du sac-photo en vitesse, m'assurer que mon choix d'objectif grand-angle, normal ou télé est pertinent et que, comble de malheur, je ne sois pas au bout du rouleau (de film!). Pour le reste, je dois aussi m'assurer que tous les automatismes de l'appareil ne sont pas déjoués par toutes sortes de facteurs débilitants comme une source de lumière ponctuelle ou une mise au point erronée auxquelles cas des corrections rapides s'imposent.


Après tout cela, je me revois impuissant et terriblement en retard de l'action du sujet qui est maintenant chose du passé. De plus il faut toujours "assurer" en répétant si possible ses prises de vues sur non seulement la pellicule initiale mais possiblement sur une autre de réserve car un accident de laboratoire est toujours possible dans ce monde où la chimie des personnes peut varier beaucoup.

Je rencontre souvent des gens sincèrement honnêtes qui envient ma profession fondant leur perception sur ces  belles représentations cinématographiques que sont les films Blow Up ou Under Fire. Bien sûr il y a tout de même un certain romantisme lié à la photographie professionnelle et je peux en témoigner. Mais il y a aussi tout le reste moins évident et surtout moins "glamour". Et pour sûr la plupart d'entre-nous bénis des dieux ne voudraient en aucun cas changer d'occupation.

Que nous réserve l'avenir dans ce monde en pleine effervescence, je ne saurais dire. Peut-être un appareil photo robot intelligent, qui sait!

Photos Daniel M

12 août 2024

L’état de la nation (photographique)


 Quand on aborde le sujet de la photographie traditionnelle, i.e. de l’usage d’un appareil dont la fonction principale et quasi-exclusive demeure la prise de vues, plusieurs s’interrogent avec inquiétude sur son avenir comme moyen d’expression visuelle original, artistique et reconnu. Cela va de soi que cette question ne pourrait être abordée dans toute sa profondeur avec cette très modeste et  brève réflexion sur ce sujet.

Ce que nous pouvons affirmer dès le départ et sans conteste, demeure l’importante présence qu’occupe toujours la photographie dans notre quotidien. Son impact visuel reste encore un outil privilégié dans une multitude de sphères d’activités humaines, techniques ou sociales. Comme médium, la photographe est vivante et toujours aussi universelle. Ses champs d’intervention sont diversifiés et recoupent entre autres l’éducation, le reportage, la promotion de tout genre, l’expression artistique, le support technique, etc. Bien que l’image animée ne cesse d’annoncer la fin de sa consœur fixe, la photo, cet événement tant annoncé depuis presque deux siècles ne s’est jamais concrétisé.

Les actualités s'abreuvent de photos percutantes et le métier de photo-reporter se mute en "photo-journaliste" ce qui démontre bien l'impact éditorial du médium visuel. Et les photographes de presse sont encore ces héros sans peur et sans reproche de cette dynamique. Certes les plates-formes de diffusion ont grandement évolué vers des supports plus commodes et plus instantanés comme seul la toile, le Web, peut nous offrir dans une grande diversité de formats de présentation. En même temps la photographie conserve le coté universel de son message qu'elle soit complètement spontanée ou encore qu'elle  soit soigneusement mise en scène. 

Alors si la photographie conserve sa primauté dans nos vies de tous les jours, comment expliquer le concert habituel et parfois tonitruant de ses éternels dénigreurs?  Peut-être parce que pour certains, ils préfèreraient une certaine désuétude des choses en reléguant le médium photo à un rôle purement historique et anecdotique témoin d'une époque révolue puisque l'humanité continue inlassablement de cheminer vers l'avant, vers le renouveau, vers même la sophistication des techniques et des sujets. Il y a aussi ce coté exponentiel de la croissance démographique qui a fait littéralement exploser les sources de la photographie avec les rares exceptions des milieux où elle ne serait pas déjà présente (cela existe toujours d'ailleurs).  


Les hauts et les bas d’une industrie en constante évolution depuis son origine historique.  

Il n’y a pas eu « un » âge d’or de la photo mais bien plusieurs repartis sur près de deux cents ans. Par vagues successives au gré des bouleversements et raffinements technologiques, l'industrie photographique tant artisanale que de masse a connu de multiples rebondissements. Des manufacturiers sont devenus mythiques même s'ils ont cessé depuis longtemps leurs activités de production. Ces signatures de fabricants sont aujourd'hui des témoignages d'époque qui nous renseignent sur les modes d'antan générés par la pratique photographique d'alors. Et encore aujourd'hui dans le passé très récent de la photographie numérique, de tels jalons de produits contribuent à maintenir cet intérêt historique.

Plusieurs manufacturiers d'aujourd'hui exploitent l'aura mythique de la photographie professionnelle et en particulier celle du photo-reportage. Les noms qui nous viennent à l'esprit sont faciles comme Leica, Canon, Nikon auxquelles s'ajoutent les plus récents comme Sony et Fujifilm, et d'autres encore comme Olympus/OM System et Panasonic. Ce filon promotionnel se marie bien avec la tendance moderne du mimétisme individuel où l'habit fait le moine au delà d'une identité véritablement personnelle et originale. Beaucoup d'appareils photos actuels sont des objets de réconfort, d'autosatisfaction et même d'ornement plutôt que prioritairement des outils de création visuelle. Même la tarification parfois délirante de ces produits participe à cet effort de distinction purement élitiste.

Heureusement malgré ces excès de consumérisme de classe, il y a toujours des appareils photo numériques et des optiques abordables accessibles aux passionnés de ce monde. Il faut comprendre aussi qu'en devises monétaires constantes, l'accès au matériel photographique reste possible pour les amateurs à l'image de ce que nous pouvions observer il y a cinquante ou soixante ans. Les chiffres actuels de l'industrie démontrent également la vigueur de ce marché puisque il y a encore des millions de caméras traditionnelles neuves qui se transigent encore. Il faut aussi faire abstraction du phénomène de la photo éphémère engendré par l'usage des téléphones cellulaires qui s'avère plus un moyen de communication social instantané et dont l'objectif principal est l'échange audiovisuel. 


L'empreinte photographique

Existe-t-il encore un impact photographique se demanderont plusieurs et souvent avec une certaine dose d'anxiété. Car, selon certains, cette influence iconique de notre société se serait évaporé comme par magie. Malheureusement pour eux et heureusement pour nous, des images marquantes meublent toujours notre  quotidien visuel et influent toujours notre univers humain. Bien sûr il y a une préoccupation plus récente concernant la conservation de ces témoignages culturels pour les générations futures car les supports numériques actuels ne semblent pas garantir une certaine pérennité de ceux-ci. Le facteur technique de remplacement du papier et de la pellicule photographique reste un défi à relever de même que la désignation et le maintien de lieux de conservation efficace que ce soit au niveau privé que public.

L'acte photographique est bien là pour rester vivant dans nos vies même si sa technologie évolue ou se mute parfois plus brusquement. Et on peut en dire autant des photographes créateurs d'une imagerie toujours aussi pertinente. Oui adeptes du déclic, soyez pleinement rassuré!

Photos Daniel M: Panasonic Lumix G95D/ G Vario 12-60mm F3.5-5.6 Power OIS; Olympus OM-D E-M5 III / Zuiko ED 14-150mm F4-5.6 II