C'est un cauchemar que je revis souvent comme photographe de reportage. Vous savez aujourd'hui en 1988 avec les nouveaux appareils photos automatisés jusqu'à la mise au point, le réglage de l'exposition et même l'avancement automatique du film, que reste-t-il pour nous, pauvres photographes, sinon le déclic facile et la gestion des rouleaux de pellicule.
Ce rêve débute souvent par une situation d'assignation où je dois sortir la caméra du sac-photo en vitesse, m'assurer que mon choix d'objectif grand-angle, normal ou télé est pertinent et que, comble de malheur, je ne sois pas au bout du rouleau (de film!). Pour le reste, je dois aussi m'assurer que tous les automatismes de l'appareil ne sont pas déjoués par toutes sortes de facteurs débilitants comme une source de lumière ponctuelle ou une mise au point erronée auxquelles cas des corrections rapides s'imposent.
Après tout cela, je me revois impuissant et terriblement en retard de l'action du sujet qui est maintenant chose du passé. De plus il faut toujours "assurer" en répétant si possible ses prises de vues sur non seulement la pellicule initiale mais possiblement sur une autre de réserve car un accident de laboratoire est toujours possible dans ce monde où la chimie des personnes peut varier beaucoup.
Je rencontre souvent des gens sincèrement honnêtes qui envient ma profession fondant leur perception sur ces belles représentations cinématographiques que sont les films Blow Up ou Under Fire. Bien sûr il y a tout de même un certain romantisme lié à la photographie professionnelle et je peux en témoigner. Mais il y a aussi tout le reste moins évident et surtout moins "glamour". Et pour sûr la plupart d'entre-nous bénis des dieux ne voudraient en aucun cas changer d'occupation.
Que nous réserve l'avenir dans ce monde en pleine effervescence, je ne saurais dire. Peut-être un appareil photo robot intelligent, qui sait!
Photos Daniel M
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