26 avril 2020
Autour de l'humain en photographie
Nous vivons tous à travers cette crise sanitaire et socio-économique un sentiment d'incertitude et de questionnement sur la pertinence de nos actions, de nos attentes et de l'empreinte que nous voulons laisser de notre passage dans cette vie. Mais fondamentalement, peu importe ce changement apparent de perspective, tous les grands thèmes qui animent notre humanité demeurent. Et ces thèmes sont souvent la base mutilatrice de l'expression photographique et de toutes autres formes d'expression humaine.
Le médium photo est connu, maintes fois expérimenté mais toujours renouvelé. Sa nature même a évolué et ces supports de représentation passant du verre, au papier jusqu'à la projection éphémère et virtuelle, ont continué leurs mutations incessantes. Son public d'abord très généraliste s'est transformé en des auditoires de plus en plus spécialisés sans oublier son côté individuel axé sur un visionnement très intimiste.
Le plus grand thème de la photographie reste l'humain que ce soit explicitement ou très implicitement car la photographie est surtout un fait culturel qui se définit et définit à travers ses auteurs. Il n'y a pas de photographie automatique, spontanée sans que ce soit au départ une intention (humaine) de se faire.
Donc l'humain domine la réflexion photographique. Bien sûr les variantes d'interprétation de ce thème fondamental sont presqu'infinies.
L'humain (sa nature)
Centré sur un soi-même corporel d'abord, les esquisses photographiques de l'humain peuvent passer du réalisme de représentation au surréalisme quasi-virtuel. C'est un portrait de l'âme, de l'émotion, de l'expression des attitudes, des gestes et, par extension, des intentions. Le visage de l'humain ne délimite pas qu’à sa partie faciale mais englobe toute sa représentation corporelle. C'est aussi un témoignage de la diversité raciale, culturelle, sociale et économique.
La créativité humaine (son édifice, ses activités)
L'humanité bâtit sa maison, son refuge, son domaine par souci de sécurité, de prospérité et de plaisir. Cet édifice jamais terminé se métamorphose au gré des années, de sa localisation, des saisons, des envies et de l'invention, du pouvoir de posséder et d'afficher, bref ses motivations sont multiples.
La présence humaine (son environnement)
C'est la conséquence du précédent (la créativité humaine) où l'environnement naturel et planétaire de l'homme doit subir toutes sortes de transformations et, souvent, faire l'objet de sa consommation définitive. Historiquement l'humain propose plus la dénaturation plutôt que la préservation de son environnement. Il considère la nature comme un réservoir de ressources à sa gratuite disposition et n'a souvent aucun véritable respect pour celle-ci, la bouleversant allègrement et sans retenue. La présence humaine, c'est avant tout la tragédie d'un état planétaire.
La trace humaine (sa pérennité éphémère)
Que restera-t-il de cette humanité après son déclin matériel universel inexorable et planétaire? À moins qu'il ne mute en pur esprit ce qui est peu probable devant sa spiritualité infantile, le leg de l'humain restera éphémère si ce n'est par les messages lancés par l'univers comme des bouées de sauvetage lancées sans grand espoir. Est-ce qu’il aura une post-humanité? Cela apparait presqu'impossible par sa nature foncièrement matérialiste. Avons-nous une parcelle d'éternité en nous ou plutôt une petite semence de pérennité à transmettre à l'univers? C'est encore à voir si cette trace saura perdurer momentanément.
La spiritualité humaine (sa raison d'être)
Alors se pose toujours ce pourquoi de l'humain. Une raison d'être qui pourrait la justifier dans ce grand ensemble qu'est l'univers. À ce propos nous n'avons pas toujours été modeste et aujourd'hui, nous tentons toujours de définir cet univers à partir de notre petitesse vaniteuse mais bien éphémère. Mais quand l'humain se met à réfléchir sur son modeste destin, il a souvent la sensation du vide spirituel auquel il s'est bien accommodé longtemps. Et cette spiritualité humaine s'est souvent exprimée dans l'exclusion plutôt que l'inclusion ce qui en résultait au final à un cul de sac, somme toute, prévisible. Serons-nous aller au-delà de notre petite humanité? C'est une question bien fondamentale.
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