Peut-on parler d’abondance ou encore de sur-abondance du contenu visuel qui nous bombarde quotidiennement sans arrêt et sans décence élémentaire. On évoque souvent la notion d’impact comme un facteur-clé de la pérennité même éphémère d’une image. Eh bien aujourd'hui c'est plutôt le non-impact de l’observateur distrait que nous sommes devenus. J’ai tout vu mais surtout je n'ai rien retenu! C’est bien le credo de cette société dont l’effort de mémoire est totalement occulté par notre ego narcissique qui aspire au plaisir, au confort et à la reconnaissance instantanée.
Car à travers ce maelström d’émotions fugaces la tentation de l’indifférence presque totale est devenue trop forte pour s’en soustraire même partiellement. Oui, beaucoup d'images sont générées continuellement dans cette civilisation visuelle qui se partage entre le réel, le tangible et le virtuel, le pseudo-tangible. Il n'y a plus de place pour l'espace critique qui décortique et analyse le contenu visuel pour en tirer l'histoire sous-jacente. Il n’y a que l’émotion primaire et éphémère. Car c'est bien la tragédie que vit notre civilisation actuelle incapable d'assumer sa continuité historique autrement que par des impulsions fashion puérile et sans conséquences. C'est l'individualisme irresponsable qui laisse toute la place aux princes techno qui contrôle à leur guise l'univers médiatique collectif.
L'abondance du contenu visuel tend à lui conférer une banalité tenant à une indifférence inquiétante qui menace notre capacité à observer, à analyser, à déduire et à évoluer. En multipliant et en atomisant les plate-formes de diffusions, on dilue le message et plus encore avec les nouvelles cyber-technologies on le recrée suivant un agenda propre aux stars non-élus des communications sans possibilité d'espace critique salvateur de toutes ces manipulations de contenu devenu pure propagande virtuellement présenté à la naïveté des publics captifs.
On a posé sur un piédestal le mythe moderne de la culture universelle en imposant un standard pseudo socio-culturel qui élimine la diversité sous le couvert de la récupération et de l'appropriation de ce qui distingue les différentes cultures humaines et les différents espaces géographiques. Tout cela n'est que foutaise pour justifier la création d'un monde à la pensée unique où les "none-elected-fews" dominent l'univers dans leur futile superficialité temporaire car eux aussi ne seront pas éternels bien qu'ils doivent bien s'en douter. C'est d'ailleurs ce sentiment d'urgente insécurité de la mort inévitable qui les autorise à tout ce saccage de la planète qui, elle, survivra de toute façon mais sans nous.
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Notre seul espoir ce serait peut-être une espèce de réveil collectif simultané où nous pourrions rejeter ce modèle techno-fasciste et reprendre nos sens vers une responsabilisation communautaire et collective et que nous puissions ensemble remodeler nos sociétés distingues en respect de notre diversité. Il faut voir au-delà d'une première lecture photographique et chercher les autres niveaux de compréhension d'un sujet, d'un contexte, d'une suite historique du propos de l'image. C'est bien là la richesse profonde de toute civilisation qui veut se perpétuer ne fut que provisoirement...
Photos Daniel M



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