Comme photographie nous sommes confronté entre le désir d'authenticité et l'embellissement du rendu sous prétexte de s'approcher plus encore du "vécu visuel". Bien sûr tout est question d'interprétation dans les choix d'angle de prise de vue ou encore de composition de l'image. Mais encore qu'il s'agisse de sélectionner volontairement ou non un segment en temps et en espace de la réalité de notre environnement et du sujet qui nous intéresse ou encore plus quand on "redessine" virtuellement l'image initialement enregistrée, que reste-t-il de l'essence même du choix documentaire que nous avons fait car tout cela est somme toute très réducteur par rapport à une perception plus large et plus incluse de notre univers physique et émotionnel.
Nos outils technologiques sont maintenant et peut-être à jamais des extensions créatives de nos impulsions biologiques. Cette cybernétique est d'ores et déjà "intelligente" et surpassera tôt ou tard nos propres capacités de raisonnement substituant ainsi notre support biologique par de nouveaux supports matériels qui échapperont à un "contrôle" conscient ou non de ses utilisateurs initiaux. En un mot, nous seront les Victor Frankenstein modernes créateurs de la bête devenu autonome et indépendante de ces décisions et de ses actions. Comme photographe, nous sommes déjà des associés de cette cybernétique qu'on assimile à des modes dits automatiques mais dont la capacités d'analyse nous dépassent largement.
Reste l'inspiration et le pourquoi d'une démarche artistique ou documentaire qui demeurent jusqu'à nouvel ordre l'apanage de l'humain que nous sommes encore. Car il y a aussi une démarche philosophique de la vie assumée ou non qui sous-tend et motive le message visuel de notre cheminement photographique. S »il y a un danger dans notre société actuelle, c’est dans l’autocensure grandissante qui naît de l’intimidation du nouvel autoritarisme qui pollue notre univers sociopolitique. Pour le photographe d’aujourd’hui la crainte de la controverse du sujet et son contexte l’emporte souvent sur la pertinence d’en traiter, Bref la réalité du terrain est plus menacée par les tenants du pouvoir technique usurpe que par la technologie elle-même.
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Le devoir d’humanité c’est aussi celui du photographe qui est le témoin de notre évolution. L’intelligence artificielle ou cybernétique d’abord comme outil mais aussi comme partenaire éventuel à part entière, doit s’intégrer dans nos modes d’action et de réflexion comme artiste-photographe. Pouvoir affiner les moyens de perception de l’IA permettra à cette dernière de s’articuler une meilleure réflexion de l’univers qui l’entoure et motive son existence. Au fond et comme toujours, c’est le point de vue philosophique qui saura prédominer au delà d’un matérialisme à jamais éphémère.
Photo Daniel M
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