30 avril 2024

C'est la faute à ...


 On entend souvent
attribuer la difficulté de réaliser une photo techniquement réussie de par sa mise au point et son exposition, en mettant en cause le mauvais fonctionnement ou tout simplement l'incompétence technique de l'appareil photo. Évidemment, nous savons aussi mais ne l'avouons pas toujours, que l'erreur originelle dépend aussi souvent d'une mauvaise utilisation ou d'une méconnaissance des limites de ce dernier par son opérateur. Qu'en est-il vraiment aujourd'hui en cette nouvelle ère de l'intelligence artificielle et des prouesses de l'avancée technologique de l'équipement photo traditionnel ou non. Voici un survol rapide de certains éléments déterminants dans la réussite d'une belle photo.

Mais d'abord un mot de nos "commanditaires", i.e. les équipementiers, sur les limites techniques et d'interprétation des appareils photo numériques actuels. En une phrase, on peut dire que leurs performances sont aujourd'hui exceptionnelles si l'on les compare avec les anciens appareils de l'ère argentique et ces améliorations sinon ces complètes mutations peuvent être observées à tous les niveaux de la pratique photographique. Nous pourrions même ajouter que pour "rater" une photo complètement, il faut ou bien être vraiment de mauvaise foi sur la configuration initiale de l'appareil ou encore particulièrement malchanceux ou négligent. Ceci étant dit, passons maintenant aux choses sérieuses.

Mise au point et netteté du sujet (profondeur de champs et mode d'exposition). On peut dire que la netteté d'un sujet est souvent le point de mire (ou d'attention) que l'oeil de l'observateur capte en priorité. à l'inverse les zones de floue ont plutôt un rôle contextuel dans l'interprétation de l'image. Il s'agit donc pour l'auteur-photographe de bien définir les parties du sujet et de son environnement qui seront bien définis ou au contraire moins nettes. Il y a certes la mise au point en tant que tel à perdre en considération et l'appareil photo numérique peut effectuer cette opération dans la mesure ou on lui indique proprement l'endroit pour ce faire et l'efficacité des systèmes automatisés reste exceptionnelle par rapport à une mise au point faite visuellement et manuellement. Ce point focal représente le centre de netteté qui peut s'élargir en fonction de l'ouverture choisie pour l'objectif de prise de vues. Certains modes (scènes) automatisés pourront même appuyer de façon pertinente le ou la photographe dans cette démarche qu'il s'agisse de paysage, de portrait, de photo d'action, etc. 


Style photo (palette chromatique et effet) et exposition. Avant même de porter l'oeil au viseur électronique (EVF) ou à l'écran (LVF) de l'appareil photo, il faut tout de même indiquer à ce dernier quel sera le style d'image qui nous conviendra d'utiliser pour la captation du sujet. Traditionnellement le noir et blanc ou la couleur était les deux grandes alternatives offertes par la photographie argentique sur pellicule. Cette dernière pouvait aussi  se décliner en diverses interprétations chromatiques ce qui est assimilé aux simulations de film de maintenant et qui font parti de ces styles d'image pouvant être programmés à priori de la prise de vues dans l'appareil photo numérique. À cela s'ajoutent aussi toute une gamme d'effets spéciaux qui remplacent les filtres optiques et les manipulations de laboratoire d'autrefois en argentique. 


Cadrage et composition. C'est vraiment votre cadrage et l'angle de prise de vue qui pourra définir le mieux  la composition de votre image. L'ordre, la proportion et la perspective de votre sujet et de son contexte seront les éléments-clés et en cela votre appareil photo ne pourra vous être vraiment utile à vous suggérer une composition particulière parmi d'autres. Ce que vous mettrez dans votre canevas photographique demeure votre entière responsabilité. 


Sensibilité (ISO) et texture de l'image. Avec l'avènement de la photographie numérique, plusieurs ont tendance à ne plus considérer la matière première de l'image captée, i.e. sa texture engendrée par par la multitude des points pixels qui composent celle-ci. Toute image photographique est composée essentiellement par la présence du grain argentique ou encore par la trame des points numériques (pixels). Ces deux derniers contribuent à créer une texture plus ou moins perceptible de cette image. Règle générale, plus la sensibilité (ISO) utilisée pour le film ou programmée pour le capteur numérique, plus cette "texture" devient évidente et souvent associée au bruit numérique dans le dernier cas. Alors qu'en argentique, on acceptait sa présence inévitable selon le contexte de prise de vue, il semble qu'à l'ère du numérique on cherche à la prévenir sinon l'abolir mais l'adéquation entre la sensibilité (ISO) et la texture de l'image enregistrée demeure toujours présente malgré toutes les prouesses technologiques actuelles. 


Moment décisif et point final. En viendrons-nous avec l'affinement de l'intelligence artificielle à laisser à notre appareil photo le choix final de son déclenchement? Peut-être car ce n'est qu'une question d'apprentissage culturel à intégrer dans le développement de cette dernière (IA). Entretemps cette décision déterminante du moment de prise de vue reste la responsabilité du photographe biologique que nous sommes. Ce déclic décisif représente souvent l'élément clé de l'impact de notre image captée. Moment privilégié d'une expression fugace du sujet humain ou non, l'anticipation et l'entrainement du photographe contribue fortement au succès de la démarche créatrice. 

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J'entend trop souvent que les limites de nos appareils photo sont responsables de nos déconvenues photographiques mais quand on y réfléchit plus profondément et qu'on analyse froidement les tenants et aboutissants de notre recherche et nos réalisations iconographiques, on voit bien qu'il y a toujours place à s'améliorer dans une meilleure compréhension de notre sujet, de son contexte, de son évolution et de l'interprétation qu'on veut lui prêter. Quant à "C'est la faute à qui?", un peu d'introspection et beaucoup d'humilité peuvent certainement nous aide d'une précieuse aide. 

Photos Daniel M

16 avril 2024

Retour à la m(r)aison: le Panasonic Lumix G95(D)



 Le Panasonic Lumix G95(D) a déjà fait l’objet d'un certain nombre d’articles dans ce blog et plus encore si vous y ajoutez ceux traitant de son prédécesseur, le populaire Lumix G85. Le modèle est en soi un achat très sensé tant pour ses performances, sa durabilité, son format plutôt compact et son tarif d’acquisition modéré neuf ou usagé. Il est souvent offert en combinaison de l’objectif Lumix G Vario 12-60mm F3.5-5.6 Power OIS qu’on peut considérer comme une optique compétente, polyvalente et résistante aux intempéries au même titre que le G95(D) d’ailleurs. Bref un ensemble très équilibré. 

Perso, j’ai toujours eu un petit faible pour l’ergonomie, le design et l’interface des produits Lumix de Panasonic dont une lointaine parité germanique semble à mes yeux évidente. De plus, cette série informelle du G85, G95 et G95D à la fois au design "Bauhaus" et toujours abordable est certainement une des meilleures illustrations que chez les plus modestes se retrouvent parfois des petits bijoux d'ingéniosité. De retour de mes séjours annuels en Guadeloupe, j’ai bien réalisé que parmi les trois fabricants d'appareils à avoir été expérimentés là-bas, soi Fujifilm, Olympus et Panasonic, la gamme Lumix représente toujours mon véritable coup de coeur pour la sobriété et la pertinence tout-terrain de leurs produits.*


Jouons cartes sur table à ce stade de la discussion car il est certain que d'autres modèles à vocation plus professionnelle sont déjà disponibles chez ces trois manufacturiers (Fujifilm, Olympus et Panasonic) et possèdent des caractéristiques supérieures au Lumix G95(D). Il va de soi que leurs dimensions et leurs poids relatifs sont souvent accrues de même que leur tarif d'acquisition respectif. À contrario cependant, le facteur de compacité demeure essentiel pour un usager comme moi qui déteste maintenant se lester d'un équipement photo encombrant et lourd qui génère parfois plus de fatigue que de créativité au final. Bref c'est comme une espèce de quadrature du cercle que je n'ai jamais résolu pendant toutes ces années de pèlerinage en équipement photo.

Quand Panasonic a introduit le Lumix G85 en 2016, plusieurs ont considéré ce modèle comme le summum de l'appareil hybride à objectifs interchangeables (photo-vidéo). Si ce n'était de son ancien capteur de 16 Mégapixels, le G85 demeure toujours aussi pertinent aujourd'hui, en faisant abstraction de certaines petites mises à jour en terme de connectivité qui seraient appréciées. Le Lumix G95(D) jouit quant à lui de ces mises à niveau avec un capteur d'images numériques de 20MP et un boitier au dessin légèrement retouché. La préhension de ce dernier est rehaussé par l'utilisation d'un revêtement à l'adhérence plus prononcé. Pour le reste, le Lumix G95(D) s'harmonise des mêmes accessoires optionnels tels la poignée d'alimentation ou la gamme des flashes externes que son prédécesseur le G85.


 En performances iconiques pures, le Lumix G95(D) est très prévisible et sa palette de couleurs, rendu JPEG, reste neutre. Par contre ses interprétations monochromes sont tout simplement exceptionnelles et diversifiées. Si la photographie en noir et blanc vous est prioritaire, ce G95(D) saura certainement vous plaire et stimuler votre créativité à cet égard. Ce trait de caractère se retrouve bien entendu dans toute la gamme des autres appareils numériques Lumix. 


En terme d'interface, le Lumix G95(D) propose l'architecture maintenant traditionnelle introduite par les SLR est D-SLR des dernières décennies avec une sélection des modes d'exposition de type P-A-S-M bonifiée des modes iA, Style, Scène, Custom (X2) et, bien entendu, Vidéo. Trois contrôles rotatifs multi-fonctionnels sont présents tout comme des boutons-poussoirs à accès direct pouvant être reconfigurés. De même l'écran arrière orientable est entièrement tactile et le menu est facile d'accès et surtout compréhensible. Le type de mise au point peut être directement sélectionné à l'arrière du boitier. Bref, cet interface d'utilisation est un modèle du genre même si on note l'absence d'une manette multi-fonctionnelle (Joystick) cependant bien remplacé par une rondelle de contrôle arrière très versatile. La définition du viseur électronique est suffisante pour réaliser une mise au point manuelle et les informations affichées sont nombreuses et correctement positionnées. La réactivité du Lumix G95(D) est surprenante et sa discrétion au déclenchement est également exemplaire. Toutefois son autonomie (alimentation) est juste et l'achat d'une pile-accu supplémentaire est recommandable tout comme l'ajout éventuel de la poignée d'alimentation optionnelle (DMW-BGG1). À noter que le G95(D) peut aussi être alimenté par un bloc accu externe via sa connection USB. Le G95(D) n'utilise qu'une carte mémoire de format SD.

À l'usage, la vocation "tout-terrain" du Lumix G95(D) demeure un élément-clé de son succès. Certes ce n'est pas le modèle en format de capteur numérique MFT le plus compact et le moins lourd mais sa préhension exceptionnelle hiver comme été (avec ou sans gants) compense largement ce constat. Cependant la dimension plus petite de son capteur commande au photographe d'apporter un soin plus particulier dans la composition finale de son sujet pour éviter les retouches plus prononcées de cadrage en post-traitement de l'image. La présence du système interne de stabilisation d'image est aussi un facteur important pour le choix du G95(D). Dans la mesure du possible il faut privilégier la sélection d'une sensibilité moins élevée, de 200 à 800 ISO par exemple, pour optimiser les performances du capteur numérique. 

Le Lumix G95(D) est aussi un appareil photo compact très modulable avec les ajouts optionnels d'un poignée d'alimentation interactive (contrôles et déclenchement), d'un flash électronique externe avec alimentation (AA) indépendante et éclairage de soutien, des prises de connexion microphone, écouteurs, télécommande, port USB et HDMI, bref plusieurs possibilités de rehaussement technique. Si on le compare avec la gamme OM-System / Olympus, le G95(D) se situe entre leurs modèles OM-1 (OM-D E-M1 II & III) et OM-5 (OM-D E-M5 III), i.e. pas tout à fait un véritable appareil photo de niveau professionnel mais certainement de calibre pour amateur avancé et enthousiasme (ou pour un ancien professionnel à la retraite!).

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Que conclure de ce retour à la maison et au format de capteur d'images MFT en disant simplement que le Panasonic Lumix G95(D) facilite bien les choses. 😉

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* En toute honnêteté, les images obtenues cette année en Guadeloupe avec le Fujifilm X-T30 II étaient excellentes et ce dernier s'est avéré un outil photographique très compétent. Cependant son ergonomie et son interface moins accessible ainsi que l'absence de la caractéristique de résistance aux intempéries ont constitué des irritants déterminants pour le remplacement du X-T30 II au profit du Lumix G95(D). De plus, les optiques trans-standard compactes du système Micro Four Third offrent également une meilleure sélection d'objectifs particulièrement pour le photographe voyageur qui recherche discretion et versatilité.

Photos Daniel M: Panasonic Lumix G95(D) / Lumix G Vario 12-60mm F3.5-5.6 Power OIS / Leica DG Vario-Elmarit 12-60mm F2.8-4 ASPH Power OIS 

01 avril 2024

Imprévisible


 Avec chaque pélérinage photographique planifié, prévu ou anticipé, il subsiste toujours une certaine dose d’improvisation face aux facteurs changeants du contexte et du sujet traité. Il est vrai que tout photographe qui se respecte est à la recherche de l’appareil photo idéal et de l’approche technique infaillible suivant une perspective de réaliser l’image exceptionnelle. Et voilà que sur le terrain et dans le concret de la situation, les plus grandes certitudes volent parfois en éclats! 

À l’époque de la photo argentique, plusieurs d’entre nous limitaient au maximum la variance des facteurs décisifs de la prise de vue. Par exemple avec le choix de la pellicule photographique et de son traitement ou développement, ou encore par la présélection des paramêtres d’exposition comme le temps de pose ou l’ouverture du diaphragme de l’objectif, ou encore par une mise au point sélective, etc. La composition finale de l’image enrégistrée et le moment de prise de vue demeurant les tous derniers facteurs à considérer.

On ne peut négliger l’aspect imprévisible de la photographie malgré tous ces efforts constants de préparation. et j’oserai dire heureusement car c’est souvent un élément essentiel de la spontanéité du sujet photographié qui engendre son coté unique et original. Oui il faut saluer la chance quand elle se présente ainsi et qu’elle sublime en quelque sorte le travail du photographe. Après tout, ce dernier ou cette dernière n’est qu’en fait le témoin volontaire ou non de son environnement et son équipement n’est que l’extension momentanée de cette observation avec toutes ses limites techniques et, j’ajouterais aujourd’hui, sa part d’interprêtation en cette ère d’intelligence artificielle.

Bref, l’improvisme est peut-être le sel de la photographie spontanée et sans complexe.

iPhone Photo Manon P