21 décembre 2023

À l’ouest de Cuba, rien de nouveau! (Cayo Largo 2023)



 Évoquer Cuba, c’est relater une lutte historique et contemporaine pour sa survie et son indépendance. Car Cuba est une île et un continent selon votre point de vue, qui a fait face à l’envahisseur tout au long de son évolution tumultueuse. Aujourd’hui plus que jamais le défi pour sa persistance et son éventuel progrès se pose alors que son riche pays voisin au nord n’en finit plus de vouloir se venger d’un regime qui a terminé sa domination économique au vingtième siècle. 

Chaque année une partie de la population cubaine fuit les conduites indigentes de sa patrie natale qui peine à se relancer et à moderniser sa gouvernance. L’industrie touristique naguère assez florissante est devenue un autre exemple de la déconfiture graduelle de cette économie aux abois. Après plus de trente ans de multiples séjours dans ce paradis du touriste moins fortuné et canadien de surcroît, plusieurs d'entre-nous peuvent témoigner que les beaux jours de l'insouciance sont bel et bien terminés.

Bien sûr, il faut souligner la résilience des cubains toujours résidents alors d'autres abandonnent le navire vacillant pour la recherche d'un eldorado économique et social et ceux-là ne reviendront pas sur ce divorce national devenant parfois des apatrides aigris par le mal du pays sans doute.  Mais pour celles et ceux qui restent, l'avenir est parsemé d'incertitudes et seule leur foi profonde en leur patrie cubaine et sa culture originale semble les soutenir momentanément.


Cuba est en crise mais n'est-ce pas aussi le cas pour une grande partie de l'Amérique centrale et du Sud et des Antilles avec une multitude migratoire vers un Nord qui se referme et s'emmure dans son individualisme strictement matériel. Car Cuba nous interpelle aussi comme citoyens du monde qui se refuse à toute responsabilité collective. Pour beaucoup de touristes venant à Cuba, la réalité de ce petit et grand pays combatif se voit à travers une vitrine rassurante et hermétique avec ça et là de petits gestes de "charity" dont on peut parfois déceler le mépris inconscient des nantis.


Je m'en voudrais de ne pas conclure ce court témoignage sur mes amis cubains sans une note d'espoir, de joie, de plaisir et de fête qui nous habite tout de même et qui ensoleille nos coeurs et ceux de nos lointains cousins latins qui continuent d'apprécier la visite de leurs clients-touristes canadiens années après années,  tempêtes de toutes sortes après tempêtes, pour leur plaisir de prendre des nouvelles de ces voyageurs du nord si déconcertants.

Merci à vous amis cubains de nous accueillir fidèlement depuis si longtemps.

Photos Daniel M

05 décembre 2023

Témoins granulaires II



 Il y a cette poussière de lumière qui se transforme en image granulaire que la photographie traditionnelle représentait comme le prolongement d'une vision humaine éphémère. Aujourd'hui le grain a disparu au profit d'une haute définition qui confond réalité et virtualité. Le grain serait-il rendu la dernière expression de l'authenticité, nous ne saurions l'affirmer vraiment mais le plaisir de célébrer cette vieille empreinte du passé révolu subsiste.






Photos Daniel M: Panasonic Lumix G95D / G Vario 12-60mm F3.5-5.6 Power OIS


01 décembre 2023

Le Lumix G9 ou le premier visage professionnel (photo) du format M4/3 chez Panasonic


 Fin 2017, la planète photo numérique est encore en pleine effervescence et plus particulière dans la catégorie des appareils "sans miroir" (mirrorless). Un premier pavé dans la mare des traditionnels pro DSLR fut lancé par Olympus et son modèle OM-D E-M1 en 2013, les véritables pionniers en la matière. Jusque là, Panasonic devait sa réputation essentiellement pour ses appareils très prisés de la série GH en vertu de leurs qualités cinématographiques (vidéo). Mais voilà que ce Lumix G9 relève finalement le défi de la photographique professionnelle. 

Le Panasonic Lumix G9 dans sa version originale, remplacé depuis par le clone du Lumix S5II rétrofitté en G9 Mark II pour le format M4/3,  demeure un appareil numérique d'exception à plusieurs points de vue. Sa constitution robuste le destine à un usage intensif dans un environnement difficile. Pour ceux et celles qui ont l'expérience des appareils analogiques catégorisés à usage professionnel de l'époque argentique, il leur est facile de mesurer l'ampleur des progrès techniques accomplis depuis l'introduction des capteurs numériques depuis les dernières décennies que ce soit en termes d'autonomie d'utilisation, de performances au niveau de la paramétrique photographique que du résultat final iconographique. Bref il y a un monde de différences même si au plan visuel ces deux générations de modèles très éloignées ont certaines ressemblances.


À l'échelle de la catégorie des appareils à capteur M4/3, le Lumix G9 demeure un géant tant par ses dimensions que par son poids. Un peu d'exercice de musculation additionnel vous sera peut-être requis pour transporter cette bête la journée durant. D'autre part le Lumix G9 n'est pas particulièrement discret en apparence même si le déclenchement de son obturateur reste presque inaudible. D'ailleurs ce déclencheur est d'une extrême sensibilité toute "professionnelle" auquel il faut bien s'adapter sous peine de mitrailler sans fin et involontairement son sujet. Notons que l'interrupteur central du Lumix G9 entoure le déclencheur. La prise en main est confortable et rassurante pour ce type d'appareil. Elle peut être rehausser par l'ajout de la poignée d'alimentation verticale BGG-9 qui double l'autonomie énergétique du G9 tout en ajoutant un déclencheur vertical approprié au cadrage portrait. 

Le confort de visée du Lumix G9 est excellent soit via le viseur électronique (EVF) ou encore via l'écran arrière (LVF) même pour les porteurs de lunettes dont je fais parti. L'ergonomie de l'appareil est bien conçue en ce qui concerne l'accès elle fonctionnement des différentes touches et cadrans de contrôles et de l'écran arrière tactile. La manette multifonctions (joystick) est pour sa part plus difficile à manipuler étant donné sa position plus éloignée vers le viseur arrière. Plusieurs fonctionnalités paramétriques comme la sensibilité, la balance des blancs, la correction d'exposition, le type de mise au point et le choix du point de focalisation, etc sont d'accès direct. Les informations de l''écran contrôle situé sur le dessus du boitier sont très pratiques et peuvent être rétro-illuminées au besoin. Notons la petite protubérance prévue pour l'appui arrière du pouce droit du photographe qui assure une meilleure tenue de Lumix G9.


Le menu du Lumix G9 est très élaboré mais demeure bien illustré et facile à naviguer. L'effort de sa présentation française mérite d'être souligné. L'appareil a une très grande latitude de configuration tant via son menu que par son interface à accès rapide (boutons, cadrans, manette, écran tactile). Heureusement une pré-configuration du Lumix G9 est possible via les modes "Custom" ce qui permet au photographe de spécialiser l'usage de l'appareil en un tour du cadran Mode ce qui s'avère très pertinent quand vous passez de la photographie de paysage, de portrait ou d'action par exemple.

L'alimentation du Lumix G9 est assurée par une pile-accu dédiée et confère à l'appareil une bonne autonomie équivalente souvent à une journée de travail pour un photographe. Cette autonomie peut être doublée par l'adjonction de la poignée d'alimentation optionnelle BGG-9. L'appareil peut aussi être relié directement à un bloc d'alimentation indépendant ce qui peut s'avérer très pratique en assignation externe et en voyage. Le Lumix G9 accepte deux cartes mémoires de format SD ayant une vitesse d'inscription UHS-II. L'appareil possède des ports d'entrée HDMI, USB-C, pour microphone et casque d'écoute (3,5mm), flash PC et HotShoe TTL.  La connectivité WiFi et BlueTooth est également offerte via l'application Panasonic disponible pour les téléphones et tablettes intelligents.

À l'usage

La mise en route du Lumix G9 est simple et rapide et son approche paramétrique est logique et compétente. Bien sûr sa configuration peut s'avérer complexe si vous le souhaitez mais à l'inverse l'appareil peut s'utiliser de façon très simplifiée. La sensibilité plutôt extrême du déclencheur demande à être apprivoisée au début. Le viseur électronique est somptueux de clarté et de définition et offre une information très complète qu'on peut limiter au besoin. Aux limites du cadre de l'image, on peut noter un léger effet silhouette certainement du à la compression de celle-ci. Le relief oculaire du viseur électronique est élevé et ajoute au confort pour les porteurs de lunettes. Le Lumix G9 est lourd si on le compare à la moyenne habituelle de poids des autres appareils de format M4/3 mais dans la catégorie des modèles à vocation professionnelle, cela n'a rien de surprenant compte tenu de sa résistance aux conditions adverses et son endurance en utilisation très intensive.Sa prise en main est excellente aussi mais l'usage des deux mains est essentielle particulièrement pour une session de prise de vues prolongée. 

L'interface est très variée, pratique et presqu'entièrement reconfigurable malgré que dans ce cas il faut bien retenir les vocations modifiées des différents contrôles du Lumix G9. Le levier arrière de permutation du type de mise au point est très efficace. Les touches directes pour la sensibilité ISO et la balance des blancs WB sont également très appropriées. Les contrôles rotatifs multi-fonctionnels situés à l'avant et au dessus de l'appareil sont pertinents même si celui du dessus s'avère moins accessible que s'il avait été positionné complètement à l'arrière comme pour la plupart des modèles de cette catégorie d'appareils photo. 


La mise au point automatique est également compétente surtout dans sa version arrêtée (AF-S) et peut être modulée de différentes façons suivant les types de sujets abordés. En version continue, une certaine fluctuation de l'affichage du viseur électronique pourrait distraire mais ne peut être interprété comme une incapacité d'obtenir une mise au point précise. De même l'algorithme de suivi de mise au point (Tracking Focus) n'est pas exempt d'erreurs surtout quand le mouvement du sujet principal s'avère erratique et donc moins prévisible. Enfin la mise au point automatique peut parfois souffrir en faible luminosité lorsque le Lumix G9 est couplé avec des objectifs à plus petite ouverture maximale.

L'écran arrière du Lumix G9 est complètement orientable et repliable pour sa protection. Sa définition est bonne tant pour la prise de vues que pour réviser les fichiers enregistrés. L'affichage peut être paramètré aux besoins et aux goûts du photographe. La vision latérale de l'écran est possible et utilisable. On constate cependant un délai d'environ une seconde lorsque vous amorcez le visionnement d'une photo enregistrée (mode Review). 

Le posemètre du Lumix G9 réagit bien aux différentes situations d'éclairage et peut être configuré différemment selon vos préférences de lecture complète, centrée ou spot. Sa réactivité est adéquate aux changements de luminosité. La balance des blancs automatique est fiable avec un petit biais vers les couleurs froides qu'on peut en partie atténuer via un mode automatique plus chaud (AWB-Warm). Il n'en demeure pas moins qu'en éclairage artificiel provenant de multiples sources variées de température couleur, le système va peiner à trouver le bon équilibre ce que bien peu d'appareils numériques actuels peuvent bien faire, il faut le souligner également. 


Le rendu des couleurs du Lumix G9 ne diffère pas fondamentalement des autres modèles M4/3 de Panasonic. Il est plutôt à priori neutre ou naturel offrant ainsi moins d'éclat que les rendus provenant d'autres manufacturiers d'appareils qui souvent ajoutent de l'éclat et du contraste dès l'enregistrement de l'image en format JPEG de fichier. Bien sûr une multitude de différents biais de rendu chromatique sont disponibles au menu du Lumix G9 et c'est à l'utilisateur(e) d'en déterminer la pertinence ou non pour sa démarche créative. Les modes monochrome sont très bien formulés par le Lumix G9 ce qui est d'ailleurs une marque de commerce des produits de Panasonic.

Prenez note que ce bref compte-rendu du Panasonic Lumix G9 ne traite pas de ses caractéristiques vidéo.

*****

Globalement, on peut mesurer le chemin parcouru dans l'évolution du format de capteur d'image numérique M4/3 par l'apparition d'appareils à vocation professionnelle comme le Panasonic Lumix G9. Il serait vain de tenter d'établir qu'un sel modèle d'appareil pro pourrait rencontrer les exigences de tous, mais on peut dire que le Lumix G9 se situe certainement au niveau supérieur de ceux-ci par son ergonomie et ses fonctionnalités embarquées. Même remplacée par le G9 Mark II depuis peu, cette version originale du Lumix G9 reste pertinence et beaucoup plus proche de la philosophie initiale du format M4/3 tout comme d'ailleurs son alter-ego de l'OM System, l'OM-D E-M1 (II & III). 

Combiné avec des optiques du même niveau professionnel, le Panasonic Lumix G9 s'avèrera sans aucun doute un outil pertinent, durable et agréable à utiliser.

Illustrations Panasonic / Photos Daniel M